De plus en plus de citoyens cherchent à contribuer directement à la protection de l’environnement. Car c’est un fait, nous traversons l’une des crises les plus importantes que notre planète est connue. Les scientifiques n’hésitent pas à parler d’une sixième vague d’extinction des espèces. La précédente – il y a 65 millions d’années – avait vu disparaître les dinosaures.

Les ménages achètent de plus en plus de produits “bio”. Les acheteurs sont de plus en plus sensibles aux labels éthiques et développement durable pour faire leurs choix. Les jardiniers consomment de moins en moins de produits phytosanitaires et produisent une partie de leurs aliments..

Dans ce contexte de changement d’attitude, il n’est pas étonnant que l’apiculture revienne en force ! Ainsi en 2018, la France comptait plus de 56000 apiculteurs, dont 92% étaient des non-professionnels. C’est-à-dire des apiculteurs amateurs qui pratiquent cette discipline par plaisir. Et le nombre de ces passionnés est en progression.

Peut-on installer une ruche chez soi ?

Saviez-vous que l’apiculture était interdite dans la ville de New York jusqu’en 2010 ? Les abeilles y étant considérées comme des animaux dangereux ! Dans certaines villes, régions ou pays, les lois sont très contraignantes pour les apiculteurs. Nous ne sommes heureusement pas dans une telle situation.

En France, le contexte est bien plus favorable aux amis des abeilles. Et si l’on respecte des distances réglementaires qui doivent séparer les ruches des propriétés voisines, il est possible d’installer pratiquement n’importe où ses ruches. Pour en savoir davantage sur ces conditions consultez le document suivant (PDF).

Oui, il est possible d’installer une ruche chez soi ! Mais attention, pour être en règle aux yeux de la loi, vous devez déclarer en ligne vos ruches chaque année et souscrire à une assurance. Car vous êtes entièrement responsable des dégâts (surtout des piqûres) que vos abeilles peuvent infliger à autrui.

L’apiculture est un loisir que l’on peut partager en famille à condition de respecter des règles de sécurité élémentaires, comme le port d’une combinaison et l’utilisation d’un enfumoir

Cet engouement pour l’apiculture ne concerne pas seulement les ruraux. Même les citadins sont “piqués” par la passion des abeilles. D’après la préfecture de la capitale française, en 2016 le nombre des ruches dans Paris intra-muros était de 600. Et en 2020, il a atteint les 2000 colonies déclarées ! Soit plus de 20 ruches par kilomètre carré. Beaucoup plus que la moyenne nationale qui est de trois. D’autres villes comme Lyon et Besançon sont aussi colonisée par les ruches de citadins.

Bien évidemment les conditions que l’on rencontre en banlieue ou dans des zones rurales sont plus favorables pour les abeilles, car le pollen et le nectar sont généralement assez abondants pour couvrir les besoins des colonies.

Si vous vivez au milieu d’un environnement riche en parcs, jardins, prairies et forêts – bref dans un endroit où la diversité floristique est importante – vous pouvez installer des ruches sans trop vous inquiéter pour vos abeilles.

Les besoins des abeilles

Les abeilles mellifères sont des insectes sociaux qui s’alimentent du pollen et du nectar des fleurs, mais aussi du miellat excrété par les pucerons et les cochenilles qui prolifèrent sur la végétation. Cette alimentation sucrée est la base du miel qui donne à l’apiculture une part non négligeable de son intérêt.

Les abeilles butinent les fleurs aussi bien en ville qu’à la campagne

Un abeille pèse plus ou moins un dixième de gramme. Mais ce petit être est capable de remarquable performance, puisqu’il visite les fleurs dans un rayon de 3 kilomètres autour de sa ruche et parfois bien plus loin. Toutefois, c’est le premier kilomètre autour de la colonie qui est le plus exploité par les butineuses.

Dans le milieu naturel, les abeilles fondent leur colonie dans la cavité d’un arbre ou dans l’anfractuosité d’une paroi rocheuse, plus rarement entre des rochers. L’important pour ces hyménoptères étant de trouver un endroit protégé des éléments – surtout du vent et de la pluie – pour que la colonie bâtisse les rayons qui recevront ses réserves de nourriture et son couvain, c’est-à-dire les oeufs et les larves en développement.

Pour les domestiquer, l’apiculteur doit offrir à ses abeilles un abri comparable aux cavités naturelles qu’elles affectionnent. Cette structure est nommée une ruche.

A l’origine de l’apiculture, il était fréquent de garder les colonies dans des ruches en paille, sorte de panier d’osier retourné. Mais il était nécessaire de tuer tous les occupants de la ruche pour retirer les rayons et extraire le miel.

Puis progressivement durant la fin du 19ème siècle et pendant le début du 20ème siècle, les apiculteurs professionnels et amateurs se sont tournés vers des ruches à cadres, qui permettent d’extraire le miel sans tuer la colonie. L’utilisation de ces ruches est maintenant la norme et il s’agit des modèles que vous trouverez dans le commerce spécialisé.

L’exposition du rucher – terme qui désigne un groupe de ruches – est très importante. La ruche ou les ruches seront placées en situation ensoleillée et tournée de préférence vers le sud. Les colonies d’abeilles ne craignent pas le froid tant qu’elles restent protégées des vents dominants et de l’humidité.

Une haie abritera votre rucher des courants d’air et pourra aussi constituer une palissade pour isoler vos ruches du voisinage. Pour plus d’information sur la création d’une haie efficace et décorative consultez la page suivante.

Les différents types de ruche

Une ruche classique est composée des éléments suivants :

  • Un support pour ne pas déposer la ruche à même le sol,
  • Un plateau (plein ou grillagé) sur lequel le corps de ruche va reposer. Il se prolonge vers l’avant par une planche d’envol utilisée par les butineuses pour décoller et atterrir,
  • Un corps de ruche – lieu de vie de la colonie – qui reçoit les cadres,
  • Une ou plusieurs hausses qui viennent surmonter le corps de ruche, lorsque les abeilles ont besoin d’espace pour emmagasiner leur miel,
  • Des cadres qui vont recevoir les rayons de cire,
  • Un couvre cadres pour fermer le haut de la ruche,
  • Un toit plat ou “chalet” pour garder la colonie à l’abri de la pluie et de la neige.

D’autres éléments sont facultatifs, mais fortement conseillés pour la santé des abeilles. Une porte d’entrée “anti frelons” évitera que des prédateurs ne pénètrent dans la colonie. Dans nos régions tempérées soumises à des températures basses en hiver ou élevées en été un isolant thermique sera placé sous le toit.

Le corps de ruche et les hausses contiennent les cadres sur lesquels les abeilles viennent batir des rayons de cire

Maintenant que nous connaissons les différentes éléments d’une ruche, il convient de parler des types que l’on rencontre. En effet, il en existe de nombreux modèles. En France, les ruches les plus communément utilisées sont :

  • La ruche Dadant (avec ses deux variantes : 10 ou 12 cadres),
  • La ruche Langstroth,
  • La ruche Warré,
  • La ruche Voirnot.

Ces dernières portent le nom de leur inventeur. La plupart ont été imaginées durant le 19ème siècle pour répondre aux besoins d’une apiculture qui recherchait déjà la productivité. Si ces ruches répondent au même principe fondamental de concerner une colonie d’une année sur l’autre, leurs dimensions intérieures sont différentes, ainsi que celles de leurs cadres.

Les ruches sont avant tout des structures fonctionnelles qui permettent une exploitation rentable du miel

Mais il existe d’autres modèles moins connus et introduits récemment. C’est la cas par exemple de la ruche kenyane. Cette ruche a comme originalité d’être horizontale. Il existe aussi des ruches spécifiques à une région particulière de France. Sur l’île de la Réunion c’est la ruche bourbon qui est encore utilisée. En Alsace on retrouve naturellement la ruche alsacienne. Et en Provence, quelques rares apiculteurs travaillent encore avec la ruche varoise.

L’adoption d’un modèle ou d’un autre dépend souvent des techniques apicoles locales, des habitudes et des conditions climatiques.

En région de montagne on tendra souvent à adopter la ruche Dadant 12 cadres, afin de laisser plus de réserve en miel aux abeilles. Celles-ci doivent traverser plusieurs mois de froid sans option pour butiner. Dans le sud de la France et notamment en Corse, c’est la ruche Langstroth qui est souvent rencontrée chez les professionnels. Les colonies d’abeilles de Provence et d’abeilles corses comportent moins d’individus. Le volume de cette ruche est particulièrement adapté à la biologie des écotypes d’abeilles méditerranéennes. En Ardèche, on retrouve parfois des ruches troncs creusées dans du bois de châtaignier ! En Espagne, on rencontre la ruche Layens, que la plupart des apiculteurs du sud-ouest de la France ont abandonné il y a déjà longtemps. L’Angleterre est riche de nombreuses ruches originales, dont la plus utilisée est la ruche WBC.

Les modèles cités peuvent être acquis sur des sites de vente en ligne. Mais nous vous invitons à réfléchir sur le type de ruche que vous allez adopter. En effet, vous devez savoir qu’il est préférable de choisir un modèle dont les éléments peuvent se trouver facilement dans le commerce et pour un coût raisonnable. Et si vous devez constituer un rucher de plusieurs ruches, il convient pour simplifier le travail d’adopter un unique modèle de ruche et de cadre. Ces précautions sont particulièrement valables pour les apiculteurs professionnels et les amateurs qui entretiennent de nombreuses ruches.

La ruche WBC est très commune en Angleterre, mais pour ainsi dire inconnue en France

Débuter en apiculture génère des frais. Une ruche neuve coûte souvent une centaine d’euros. Mais il est possible de trouver du matériel d’occasion. Les économies réalisées seront importantes, mais il faudra être prudent et bien nettoyer et désinfecter les éléments de seconde main. Car ceux-ci peuvent être contaminés par des spores de bactéries ou de champignons mortels pour vos abeilles.

Quel type d’abeilles élever ?

Après avoir choisi votre modèle de ruche, vous devrez réfléchir à la sous-espèce ou à la race d’abeille à élever. En France, l’abeille indigène est Apis mellifera mellifera, plus connue sous le nom d’abeille noire. Elle se raréfie et les scientifiques affirment qu’elle est en voie de disparation.

Mais les apiculteurs français maintiennent surtout des abeilles “exotiques”. Les sous-espèces les plus fréquentes dans les ruchers sont l’abeille italienne, l’abeille du Caucase et l’abeille carniolienne.

Abeilles “Frère Adam”, la reine est habituellement marquée par un point de couleur afin de faciliter son repérage

La race sélectionnée qui a le plus de succès est l’abeille “Frère Adam”. Cette dernière est un métissage contrôlé réalisé à l’abbaye de Buckfast (Angleterre) entre l’abeille italienne et l’abeille noire. Elle est rustique, produit beaucoup de miel et dans des situations normales à un excellent caractère. Les apiculteurs parlent de “douceur”, car elle pique rarement. Les débutants l’apprécient notamment pour son comportement calme durant les manipulations, car les abeilles ne s’envolent pas lorsqu’on retire les cadres.

Avant de faire votre choix pour une sous-espèce particulière ou une race sélectionnée, il convient de vous essayer à travailler avec. Rien de plus simple dans un rucher école qui garde bien souvent plusieurs souches d’abeilles différentes. Car le choix de l’abeille dépend avant tout du type d’apiculture que l’on souhaite mener.

Comment bien débuter en apiculture ?

Après vous avoir donné… le miel à la bouche, il convient d’être honnête. L’apiculture est un loisir sérieux. Comme nous l’avons vu en début d’article, vous êtes soumis dès la première ruche à des obligations légales. Ces contraintes évoluent avec le nombre des ruches. Notamment au regard de la MSA et du service des impôts qui vous demanderont des comptes lorsque votre cheptel atteindra une certaine importance…

L’apiculture vous engage aussi vis-à-vis des abeilles que vous allez acquérir ou collecter. Ces animaux placés dans des conditions qui ne sont pas naturelles dépendront de vos bons soins. Il est clair que les abeilles sont autonomes en n’ont pas besoin de vous pour trouver des fleurs, mais il peut arriver dans certaines situations qu’il soit nécessaire de nourrir une colonie dont les réserves sont à sec. C’est assez fréquent pour les ruches située en ville et qui ne bénéficient pas de ressources florales suffisante, ou pour les colonies dont une trop grande partie des réserves a été retirée pour finir en pot de miel. Les apiculteurs emploient le terme de “nourrissement” lorsqu’une colonie reçoit un complément sous la forme d’un sirop ou d’un pain de sucre.

Il faut aussi protéger vos abeilles des parasites et des prédateurs. Après avoir cité les frelons qui peuvent ravager une ruche en quelques jours, il faut vous présenter le varroa. Ce petit acarien infeste les larves et les abeilles adultes et menace la survie de la colonie. Il est admis que le traitement contre le varrao est indispensable si l’on envisage de maintenir des colonies sur à long terme.

Toutes ces obligations légales et contraintes techniques peuvent impressionner lorsqu’on songe à se lancer dans une activité de loisir. C’est tout à fait normal. Mais si l’apiculture est parfois compliquée, elle est plus appréhendable après une formation.

Vous aurez tout intérêt à correctement vous former avant d’acquérir votre première ruche. La connaissance et le savoir-faire font souvent la différence entre le succès et l’échec.

Formations en rucher école

Une formation ou un diplôme n’est pas obligatoire pour acquérir une ruche. Mais il est fortement conseillé de débuter par un apprentissage studieux de l’apiculture.

De votre formation initiale va dépendre votre évolution en apiculture, que vous soyez amateur ou même apiculteur exploitant. Mais fort heureusement il est assez facile de trouver un lieu où se former aux bons gestes et à la pratique.

Ouvrir une ruche la première fois est une expérience souvent impressionnante. Et il convient d’être guidé durant les premières étapes sans quoi l’on risque d’accumuler de mauvaises expériences et d’abandonner prématurément.

Il est très probable qu’un centre de formation soit situé à proximité de chez vous. Ces structures souvent associatives sont nommées des ruchers écoles. Elles proposent tout au long de la saison apicole – d’avril à octobre – des stages de découverte ou de perfectionnement.

Ces stages sont animés par des apiculteurs expérimentés qui sont bien souvent d’anciens professionnels. Mais les ruchers écoles offrent d’autres services à leur adhérents – notamment des journées d’informations sur le traitement contre le varroa – et nous vous conseillons de vous rapprocher de l’un d’entre eux quel que soit votre niche en apiculture.

Formation à distance en apiculture

Bien entendu, il est possible d’apprendre dans les livres et sur internet. Mais il est avantageux de consolider ses connaissances en élevage en suivant une formation à distance. Vous pourrez ainsi durant l’automne et l’hiver – alors que vos abeilles jouissent d’un repos bien mérité – progresser en suivant une formation en elearning.

La formation par visioconférences “Apiculture et monde des abeilles” est la seule formation francophone et à distance qui propose des conférences en ligne. Ces visioconférences (ou webinaires) sont animées en direct par des formateurs passionnés. Il est ainsi possible de poser des questions lorsqu’une notion n’est pas comprise. Cette formation interactive met aussi à disposition sur sa plateforme un forum, des ressources et des documents. Pour en savoir davantage sur la formation “Apiculture et monde des abeilles”, visitez le site https://apiculture.idlwt.com.

D’autres formations à distance peuvent être suivies depuis internet et l’une d’entre elle est gratuite. Il s’agit du MOOC “Abeilles et environnement” produit par l’école vétérinaire ONIRIS de Nantes. Toutefois, il n’est pas accessible durant toute l’année, et il est difficile de communiquer avec les formateurs, car les apprenants sont des milliers.

Avancer doucement pour aller plus loin !

On ne devient pas apiculteur après quelques heures de formation. De nombreuses années sont nécessaire pour accéder à l’autonomie, puis à la maîtrise.

Il faut être conscient qu’il s’agit d’une passion qui comme le jardinage offre davantage de satisfaction avec l’expérience. En effet, les débuts sont souvent difficiles ou frustrants. On ne peut pas forcer la nature et il faut composer avec elle. Il faut apprendre de ses échecs et ne pas hésiter à demander assistance.

Si l’on devait résumer les propos de cet article, nous pouvons dire que l’apiculture est une activité impliquante qui doit être abordée avec beaucoup de sérieux. La barrière à l’entrée n’est pas pécuniaire, elle est surtout technique. Il faut partir sur de bonnes bases et suivre les préconisations des personnes expérimentées.

Pour finir, rappelons qu’il n’est pas concevable d’acquérir une colonie puis de l’abandonner dans un coin de son jardin ou même sur un balcon. En effet, les abeilles une fois placées dans les conditions artificielles d’une ruche ont besoin de vos soins pour survivre. Sans quoi elles périront ou déménageront.

Nous vous remercions d’avoir pris le temps de lire cet article et nous vous encourageons à consulter ses liens. Bonne continuation !